Retour sur la création du BATIMENT B à Nantes. Un ouvrage de référence en matière de construction bois bioclimatique. Dans ce projet, l’isolation phonique a joué un rôle de premier plan. Biofib’Ouate, isolant composé de ouate de cellulose issu du recyclage de papier, mêlé à la fibre de chanvre, a été retenu pour isoler l’enveloppe du bâtiment ainsi que les cloisons séparatrices.
Samuel Rialland prescripteur au sein de l’association interprofessionnelle de la filière forêt-bois des Pays de la Loire, Atlanbois, en charge du développement du bois dans la construction, nous aide à mieux comprendre à la philosophie de cette création.
Pouvez-vous nous présentez le bâtiment B ? Quel est sa particularité ?
Le bâtiment B est issu d’un projet de regroupement de plusieurs organismes de la forêt et du bois au sein d’un édifice démonstrateur des savoir-faire de la filière bois. Il comprend aujourd’hui un Centre de ressources avec salles d’expositions, de conférences, de formations ; et les bureaux d’Fibois, de la délégation Atlantique de l’Office National des Forêts, de l’UNIFA et de la délégation Ouest du FCBA. Ce bâtiment a vocation à être « cohérent » au regard des enjeux de la filière et des problématiques sociétales et environnementales, d’où une conception bioclimatique ; l’emploi de bois français et régionaux en structure, revêtements extérieurs, menuiseries, aménagement intérieur, chauffage (pellets) ; un objectif bâtiment basse consommation, une ventilation naturelle assistée, une toiture végétalisée.
Quel était le projet architectural ?
Avec l’aménageur de l’Ile de Nantes, la SAMOA, nous avons organisé une consultation et un concours d’architecture ayant abouti au choix de l’équipe menée par le Cabinet Nantais Barré-Lambot. Ce dernier a proposé un bâtiment enveloppé d’une façade continue dessinant la forme d’une ellipse, rappelant une feuille, une goutte de sève… Le rez-de-chaussée est dédié au centre de ressource, et les bureaux aux étages sont distribués autour d’un atrium surplombé d’une verrière climatique.
Quelles ont été les grandes étapes de la construction ?
Les fondations ont commencé en février 2012, suivies des élévations béton. La charpente bois composée de portiques lamellé-collé a été levée à partir de début mai 2012. Puis se sont enchaîné la pose des planchers, des murs ossature bois d’enveloppe et des menuiseries extérieures. Ainsi fin juillet 2012 le bâtiment était hors d’eau. Après pose des planchers collaborants, les corps d’état secondaires sont intervenus à l’automne 2012, pour une livraison en mars 2013.
L’enveloppe du bâtiment est isolé en Biofib’ouate, notre produit isolant spécial acoustique. Pourquoi avoir fait ce choix ?
C’est l’entreprise Axe 303, en charge du lot structure bois et enveloppe, qui nous a proposé cet isolant en remplissage des murs ossature bois, car nous avions des contraintes acoustiques vis-à-vis du boulevard Léon Bureau adjacent au bâtiment, et car il est produit dans la région – ce qui est cohérent avec notre démarche de valorisation des savoir-faire régionaux.
Quelles sont les avantages de cette combinaison ?
La combinaison du chanvre avec de la ouate densifie l’isolant, ce qui améliore son effet « ressort » propice à l’affaiblissement acoustique des murs d’enveloppe, pour les bruits extérieurs, et pour l’absorption des bruits intérieurs.
Compte tenu de la nature bois du bâtiment, était-ce important d’avoir un isolant acoustique d’origine biosourcé (ouate de cellulose + chanvre) ?
Cet isolant, en plus de ses propriétés acoustiques, a un bon comportement thermique. Ainsi, notre bâtiment est en bois, structure à faible inertie, et qui plus est sans climatisation. La capacité thermique du matériau permet un déphasage du pic de chaleur vers les heures moins chaudes. Un tel isolant biosourcé conserve bien ses propriétés thermiques hiver comme été, contrairement à certains isolants minéraux qui peuvent bien fonctionner l’hiver mais être très peu isolants par fortes chaleurs.
De plus, la logique consistant à construire en bois, matériau biosourcé et stockeur de carbone, va bien avec l’usage d’isolants biosourcés contribuant encore à minimiser l’impact environnemental du bâtiment.
Quels sont les enjeux de la correction acoustique dans un bâtiment ossature bois ?
Un bâtiment en structure bois ayant des parois légères, il convient de constituer des assemblages judicieux de différents matériaux pour respecter les exigences acoustiques. Les concepteurs s’appuient notamment sur le principe « masse – ressort – masse », et sur la minimisation des « ponts acoustiques » entre pièces ou logements.
D’un point de vue général, comment considérez-vous l’évolution de la construction en bois ?
Après un fort développement dans les années 2000, tiré par la maison bois, le développement de la construction bois a été plus chaotique depuis la « crise » mais avec de plus en plus de réalisations d’envergure (équipements publics et tertiaires, immeubles multi-niveaux,..). On sent un frémissement de l’activité depuis quelques mois, et l’avenir est prometteur car le bois – et les autres biosourcés – sont de bonnes réponses aux problématiques environnementales qui se posent aux acteurs de la construction.
L’info en + : Atlanbois a été créée en 1990. Il s’agit d’une association loi 1901 rassemblant des organismes et entreprises de toute la filière bois (sylviculture, exploitation forestière, transformation, industrie, emballage, construction, bois énergie), et pilotée par un conseil d’administration composé de professionnels. Ses missions sont de représenter la filière auprès des institutions, décideurs, mais aussi du grand public, de la presse ; de participer à la structuration de la filière et au développement des entreprises ; et d’assurer la promotion du matériau bois, notamment dans la construction et les aménagements, et le bois énergie.